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Paco Mateo, le renouveau
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« Kaiser » avant l’heure

Réintégré dans cette « équipe française qui joue à l’espagnole », avec son « jeu rapide et romantique », à l’image des plus grands clubs mondiaux, Paco trouve ses marques et entreprend une brillante mutation qui donne le ton de ce que va être sa nouvelle carrière ; incarnant, au passage et avec quelques décennies d’avance, ce que sera le « libero », personnifié par le « Kaiser » Franz Beckenbauer, référence mondiale, dans les années 1960-1970… En parallèle, toujours calquée sur les vicissitudes du conflit, la compétition impose désormais des équipes fédérales ! Celles-ci regroupent les meilleurs joueurs professionnels, qui participent à la « Coupe (ou Tournoi) des Provinces Françaises ». Ici, c’est celle de « Ligue du Sud-Ouest », de « Bordeaux-Guyenne » ou « Guyenne et Gascogne » – les appellations pouvant varier selon l’interprétation des gens –, qui défend les couleurs de la – grande – région. Elle accueille en son sein une majorité de Girondins et de Bordelais. Mateo, comme Mancisidor ou Urtizberea (et Díaz), en font partie. Le statut officieux de stars persiste, mais très vite, à l’heure où les conditions de (sur)vie deviennent de plus en plus contraignantes, le professionnalisme (et son argent « facile » et « sale ») laisse place à l’amateurisme. C’est préférable, mieux perçu et plus décent. « Reclassé », Mateo est, depuis le mois de mars, « forgeron » ! Son mental est déjà bien façonné et le verrou défensif très solide ! La sélection locale gagne et séduit, même si la concurrence est rude et victorieuse ; tant pis, le succès d’estime est là ! En août 1942, Díaz regagne l’Espagne et la mouture 1942-1943 augure de grandes et belles émotions pour qui aime le club. Mateo est, cette fois-ci, l’un des artisans majeurs des nouveaux succès en Coupe de France. Régulièrement décrit par les médias comme « meilleur joueur sur le terrain » et « intraitable », et loué pour sa « chevalerie », il se distingue dans l’épreuve… et lors les trois finales (dont une en deux actes) que celle-ci décline ! En « Zone occupée », les Aquitains battent le Stade Français-C.A. Paris (le 18 avril), sur le score de 6-3 (match rejoué, après un 0-0 le 3 avril, déjà au Parc des Princes). Dans la finale « interzones », ils vainquent le R.C. Lens (2-1), à Colombes (le 2 mai). La jeune entité progresse à grands pas… En finale ultime, c’est l’Olympique de Marseille qui se trouve sur le chemin du titre suprême, pour un second rendez-vous historique en deux ans. Les belligérants se rencontrent au Parc des Princes, le 9 mai 1943 et, après avoir été menés 2-0, les Bordelais reviennent à la marque (2-2), ce qui en fait un épisode spectaculaire et marquant. Mais tandis que le score est scellé, du côté de l’O.M., l’on sait que les adversaires n’ont pu fournir que quatre licences de joueurs, même si l’on connaît bien tous ceux qui ont été alignés sur la pelouse… Les dirigeants phocéens, qui avaient posé une réserve avant la rencontre, ont découvert qu’Ahmed « Gougou » Nemeur, remplaçant de Pruvôt (blessé), n’était pas qualifié ! Sa licence lors de son passage du Havre A.C. aux Girondins B.F.C. ayant été enregistrée trop tardivement ! Selon le règlement, Bordeaux est alors déclaré battu ! Cette décision suscite un véritable tollé et se retourne férocement contre l’O.M. au niveau de l’opinion publique. Le Colonel Pascot, Commissaire général aux sports du régime de Vichy, ne s’embarrasse pas : il casse littéralement la décision fédérale de son seul fait, et décide que la partie sera rejouée ! « C’est parce que le sport est une lutte loyale que je n’admets pas qu’il puisse trouver ses décisions ailleurs que sur le terrain de jeu », clamera-t-il peu avant le coup d’envoi du second rendez-vous, le 22 mai, au même endroit. Dans une revanche qui se jouera sans Nemeur…