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Jean Swiatek, par amour du football
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Entraîneur en amateurs

En 1952-1953, Bordeaux termine 3e de D1 et, en 1953-1954, de nouveau 3e (2e ex aequo avec le Stade de Reims). Mais celui qui a fait de sa passion son métier, en découvre alors un autre, en devenant entraîneur. Il a plus de 32 ans et, après quelques blessures (dont une rupture du tendon d’Achille) l’ayant éloigné des terrains, il exerce, en 1955-1956, au Sporting Club Angérien (Saint-Jean-d’Angély), qui évolue en Promotion Honneur (P.H.). Dès la première saison, il connaît la montée en Division d’Honneur, avec un titre de champion de P.H. et un autre de champion des réserves du Centre-Ouest ! Après plusieurs années en Charente Maritime et une descente en P.H. en 1961-1962, il stoppe un parcours pro et amateur bien rempli, et amorcé dans les années 1930. Un itinéraire qui l’aura définitivement mené dans la région aquitaine, place chère à son cœur dont il ne s’est quasiment plus jamais éloigné plus de quelques jours ! « Je n’ai jamais décroché des Girondins ! (…) Dernièrement je suis allé en Pologne, invité avec l’équipe de France des anciens internationaux. Je n’y avais pas remis les pieds depuis 82 ans », expliquait-il dans les colonnes de Sud-Ouest, en 2006. Le tout, en continuant à se rendre au Stade Chaban-Delmas, dans une enceinte où il a écrit l’histoire, et dans un quartier de Lescure dans lequel il avait jadis vécu…  

Fidélité et gratitude à vie

Comme René Gallice, parmi les emblématiques du club, et comme quelques autres tout aussi méritants, Jean Swiatek aurait dû connaître encore meilleure destinée sportive. Dû s’enrichir d’un palmarès plus conséquent, également. Malheureusement, les vicissitudes et les aléas d’une guerre mondiale qui a touché de plein fouet ses deux pays (de naissance et d’adoption) en ont décidé autrement. Mais l’intéressé, qui a joué par amour du football et qui s’est toujours montré loyal vis-à-vis des gens et institutions qui l’ont accueilli, ne s’en est jamais offusqué. « Quand le professionnalisme est arrivé en 1945 (chose très mal vue avant cette date, en France, NDLR), j’ai gagné deux fois le smic. On se contentait de ça, on ne jouait pas pour l’argent. Bordeaux était déjà un grand club, qui avait gagné la Coupe de France. Mais on ne s’entraînait que deux fois par semaine, et on y allait à vélo. Nous étions un peu livrés à nous-mêmes. (…) Je dois tout ça aux Girondins. Les relations avec les dirigeants étaient comme de patron à employé, mais avec des gens qui communiquaient. Il n’y avait pas de zizanie. (…) Moi, ma vie, ce sont les Girondins. Le foot, c’est toute ma vie. » Malgré les sollicitations d’autres écuries de renom, Jean Swiatek a offert 10 ans de fidélité ininterrompus au scapulaire sur le terrain, et près de 75 en dehors. Le défenseur international a disputé, avec les Girondins de Bordeaux (sur les pelouses du Stade Galin, du Stade des Chartrons, du Stade Municipal, de France et d’Europe) 244 matches (pour 3 buts inscrits), toutes compétitions confondues. Humblement et intérieurement « fier » de tout cela, il est une légende du club, et l’un des éléments les plus éminents à avoir contribué à lui donner ses lettres de noblesse. Autant qu’une ligne de palmarès indélébile… 1 Lors de la saison 1948-1949, Bordeaux termine l’exercice à égalité de points avec le R.C. Lens, mais ce sont les Artésiens qui sont sacrés ; deuxième, il se console toutefois en obtenant le ticket pour la D1. 2 Les Girondins de Bordeaux Football Club ont été créés en 1936, sous statut amateur, avant d’obtenir celui de club professionnel en 1937. La section omnisports, elle, date de 1881.

Équipe de France

Jean Swiatek, le sélectionné qui ne s’y attendait pas… Quand Janek Światek naît en Pologne, rien ne le prédestine légitimement à revêtir la tunique de l’Équipe de France de football. Mais lorsqu’il quitte son pays natal, par la force des choses, et qu’il grandit en tant que footballeur et en tant qu’homme dans l’Hexagone, la donne change. La raison principale ? Son talent ! En plus de sa motivation et de sa joie de jouer au ballon... Ce qui en fait, dès l’âge de quinze ans, un prétendant sérieux au poste d’attaquant, dans la modeste formation d’amateurs du C.S. Blénod (54). Mais la Seconde Guerre mondiale éclate, et le jeune « Jean » va connaître une destinée différente. Évadé d’Allemagne, puis naturalisé français et devenu défenseur, il intègre – sur recommandation – la formation émérite des Girondins de Bordeaux Football Club (rebaptisée « Girondins Association Sportive du Port » pendant le conflit) ; un jeune club qui est déjà titré et respecté sur la scène nationale.  

Un beau cadeau de Noël !

D’abord intégré dans l’équipe Amateurs, il fourbit ses armes de futur professionnel auprès de joueurs aguerris ou de stars internationales, elles-aussi venues à Bordeaux afin d’échapper à la dictature et à la barbarie, dans leurs pays respectifs. Swiatek apprend vite, et affirme son talent et son autorité naturels. Champion de France Amateurs en 1943-1944, il est repéré par les émissaires de la Fédération Française de Football Association, qui lui octroient la possibilité d’évoluer, concrètement, avec les Tricolores dès 1944. Quelle ascension, quelle fulgurance ! Ses bonnes prestations collectives et individuelles lui valent donc l’honneur d’être convoqué par Gaston Barreau, sélectionneur national. Et la première « cap », il l’obtient le dimanche 4 décembre 1944, en guise de… beau cadeau de Noël ! Ce sera face à la Belgique, au Parc des Princes, en amical. Le contexte n’est pas vraiment propice aux réjouissances. La guerre n’est pas terminée et ces deux pays, ravagés par l’occupant et par de multiples batailles, portent encore les stigmates d’un conflit qui a par ailleurs décimé bon nombre de « Diables Rouges ». Mais les formations en présence font du mieux possible. Sachant qu’elles comptent aussi, respectivement, plusieurs joueurs retenus sur divers fronts de lutte, ou en captivité… C’est devant près de 25 000 spectateurs que Swiatek va évoluer en qualité de titulaire, au sein d’une défense pratiquant un « WM souple ». Ainsi, aux côté d’Alfred Dambach (gardien de but/Première sélection), André Frey (P.S.), Jules Bigot, Jean Bastien, Félix Pironti (P.S.), Henri Hiltl, Alfred Aston (capitaine), André Simonyi, Jean Baratte (P.S.) et Henri Arnaudeau, son coéquipier bordelais, il accueille un hôte d’outre-Quiévrain qui ne s’était plus officiellement produit depuis près de cinq ans. Des Belges qui tentent d’oublier le gel et le froid glacial qui les obligent, depuis leur départ en train (dix heures auparavant !), à trouver de l’eau chaude par-ci par-là, pour espérer se réchauffer les pieds et produire une prestation digne, et conforme aux attentes…