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Légendes - René Gallice (partie 3)
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Un joueur complet

Au final, le milieu de terrain totalisera 311 matches officiels et 29 buts toutes compétitions confondues, dont 9 penalties (pour 8 à domicile) 4 ! Un Gallice buteur et même auteur de deux doublés au Stade Municipal, dont un face à Nîmes (4-1/27e journée de D2, le 13 mars 1949), au cours de la saison fantastique qui mène les siens à cette remontée en D1, en 1948-1949. Exercice dans lequel il scorera 8 fois au total, à domicile… Résolument tourné vers l’offensive, comme il l’a toujours clamé, René Gallice est aussi capable d’intervenir avec fermeté dans les duels, alliant sans mal virilité, élégance et efficacité. Canonnier, passeur décisif pour ses prolifiques attaquants, il ne rechigne pas non plus à accomplir les tâches défensives, lorsque la menace gronde.  Et celui qui suscite, comme ses partenaires d’exception, l’admiration du public de Lescure aura, en sus de ce palmarès, disputé deux finales – perdues – de Coupe de France, en 1952 (5-3, face à l’O.G.C. Nice, le 4 mai) et 1955 (5-2, face au L.O.S.C., le 29 mai ; il ne jouera pas la finale mais participera à l’aventure). Mais aussi une autre – en deux actes – de Coupe Latine (ancêtre de la Coupe d’Europe), face au S.L. Benfica (3-3 et défaite 1-2), en 1950. Un pédigrée cependant respectable, mais probablement pas à la hauteur de son statut de joueur extraordinaire.

L’Équipe de France : un « honneur »

Plutôt taiseux dans la vie de tous les jours, sa personnalité sportive demeure au contraire très affirmée. Et sa robustesse d’intervention sur le gazon, également, tranche avec la réserve naturelle que chacun lui connaît alors. Son hygiène de vie sans faille et parfois poussée à l’extrême, lui permettra aussi d’effectuer cette longue et compétitive carrière durant laquelle il sera récompensé d’une sélection en Équipe de France. Une seule officielle, déplorerons-nous, pour ce patriote assidu, qui a défendu les trois couleurs au cours d’opérations militaires d’envergure et déterminantes pour la liberté du monde. Et au sein de diverses sélections militaires interalliées – non officielles – avec lesquelles il a brillé en Afrique du Nord. Marqué et prouvé (selon les observateurs et les « victimes » de sa redoutable habileté technique), également, qu’il faisait partie des tout meilleurs. Et des plus doués de sa génération… Il fut donc aligné, titulaire, face à l’Irlande du Nord, en amical, au Windsor Park de Belfast, le 12 mai 1951 (2-2) et devant 24 000 spectateurs, dans un système de jeu en « 3-4-3 », en relayeur, avec Édouard Kargulewicz, son attaquant-coéquipier bordelais, devant lui. Une maigre consolation pourtant, en dépit d’avoir vécu l’évènement comme un « honneur », dans la mesure où son talent et son cursus nécessitaient à l’évidence nettement mieux que ce que les aléas d’un conflit injuste à bien des égards lui a infligé… Mais l’aîné des Gallice n’est pas du genre à se plaindre, et il savourera, à 31 ans, cette possibilité – enfin – concrètement offerte par la FFF. « C’était un honneur, oui, parce que lorsque l’on a fait la guerre pendant cinq ans, pour la France, je crois que l’idée d’être sélectionné pour l’Équipe de France en est un, avant tout, appuie sa fille. Après, je pense peut-être, avec toute la réserve que je veux y mettre, qu’il n’a pas eu, du fait d’avoir été coupé pendant toutes ces années de cette vie footballistique, à l’international, la carrière qu’il, entre guillemets, aurait mérité… Ce match face à l’Irlande du Nord, même s’il ne se ventait de rien, était très important. Il était vraiment en toute discrétion là-dessus, mais comme il nous le disait, il a porté le coq une fois : c’était la juste continuité de ce qu’il avait fait, je crois, pendant ses années de guerre… »

Brassard, institutions, et on… refait le match !

Une autre fierté personnelle sera celle de porter le brassard, aux Girondins, qu’il laissera toutefois tomber de son bras en 1954-1955, à 36 ans et lors de sa dernière saison au club. Sans polémiquer mais en désaccord avec certaines choses inhérentes au milieu, Gallice, toujours aussi passionné et avec la sensation légitime d’avoir beaucoup donné à l’entité, la quittera de lui-même. Avec le sentiment du travail et des devoirs accomplis, aussi. Et la fierté probable de partir par la grande porte… Il embrasse alors une carrière d’entraîneur (et de joueur, encore) à Gironde-sur-Dropt, en CFA, formation dans laquelle il surnommé « Le Chef » ; ce qui veut dire beaucoup… Avant de revenir aux Girondins en tant que  Directeur technique, en 1970, au sein du comité de gestion. En parallèle, associé à Jean Swiatek, avec lequel il travaille, il a fondé le célèbre magasin de sport(s) – disparu aujourd’hui – « Gallice et Swiatek », que bien des générations de girondins ont connu par le passé, pour s’équiper au mieux et prendre des conseils avisés de professionnels, où le prestige des Marine et Blanc était omniprésent ; intimement lié à l’activité, aussi… « Le premier magasin était situé rue des Remparts, avant d’être rue de Grassi (à Bordeaux-centre, NDLR), lorsqu’il a connu un plus d’essor, explique Hélène Gallice. Il a été inauguré par Jacques Chaban-Delmas, en 1949. Chaban aussi… tout est lié… entre le foot, la guerre… tout ça, c’est un microcosme ; ils se reconnaissaient les uns, les autres… » Un commerce que René quitte à l’âge de 65 ans, en 1984, mais dont les activités seront poursuivies par son binôme. « Mais ce magasin, c’était quelque chose… c’était une institution ! Le lundi, c’était un rendez-vous presque incontournable, une véritable conférence de presse ! Les gens venaient commenter le match de la veille avec eux… Pas forcément acheter des articles de sport, mais bien parler de la prestation des Girondins ! Les deux personnalités se complétaient particulièrement bien, parce que René était plutôt dans le bureau, avec les secrétaires, à gérer les commandes, etc. et Jean, lui, au commercial, au contact… » Comme beaucoup d’autres, Michel Le Blayo, défenseur au club, chez les professionnels, entre 1976 et 1978, se souvient de la boutique et de l’environnement créé par ces deux légendes du club. « On allait tous se servir chez Gallice et Swiatek… les joueurs des Girondins et des autres clubs ! On y trouvait les chaussures et tout le reste, bien sûr… C’était un gros magasin, une institution. » Comme ce club qu’il a fièrement servi et représenté durant sa longue carrière, et comme son nom de famille…

Notes de bas de page : 

1 René Gallice a eu quatre enfants, dont trois fils, parmi lesquels deux ont été professionnels au club, notamment. Jean, attaquant, a disputé six saisons (en D1), pour 219 matches et 53 buts (T.C.C.), et André, défenseur et milieu de terrain, qui en a également effectué six (D1), pour 92 matches et 2 buts (T.C.C.).  2 Le championnat de France de football est le premier championnat de France organisé par la Fédération Française de Football Association, devenue Fédération Française de Football. Il s’est tenu de 1927 à 1929, sous statut amateur, précédant ainsi l’organisation du championnat de France professionnel en 1932 et du championnat de France amateurs en 1935. 3 Source : www.om1899.com 4 Les archives d’avant-guerre, datant de la période 1939-1945, ou d’après-guerre, étant parfois manquantes, inexactes ou incomplètes, il est difficile de trouver des sources parfaitement fiables en termes de statistiques, malgré le souci de coller au plus près à la réalité du terrain et à l’exactitude chiffrée.

Son palmarès aux Girondins

 Champion de France en 1950  Vice-Champion de France en 1952  Finaliste de la Coupe de France en 1952 et 1955  Finaliste de la Coupe Latine en 1950   Découvrir l'article en intégralité