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Légendes - René Gallice (partie 1)
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René Gallice, une institution

Le patronyme est très connu par chez nous…  et même bien au-delà ! « Gallice » qui, contrairement à certaines idées véhiculées depuis quelques années par les plus jeunes supporters, n’est pas le nom de baptême officiel du nouveau stade de Bordeaux (appelé Matmut ATLANTIQUE depuis septembre  2015). C’est donc bien plus qu’une hypothétique désignation populaire. Pour être exact, cela évoque d’abord une famille de footballeurs douée pour la pratique. Mieux : c’est une marque de fabrique, de sérieux et de crédibilité. De respect et d’affection, aussi, vis-à-vis et de la part d’un public fidèle au scapulaire, à travers les décennies et les siècles. Et donc, de l’histoire de ce prestigieux nom, intimement lié à celle des Girondins de Bordeaux et de leurs stades. Les fils, Jean (attaquant né en 1949 à Bordeaux et joueur en professionnels au club de 1971 à 1977, pour sept sélections et un but en Équipe de France « A », entre 1974 et 1976) et André (défenseur né en 1950 à Bordeaux et en pros au club de 1970 à 1976, pour plusieurs matches en sélection Espoirs) 1 ont perpétué à haut niveau la tradition instaurée par le père, René Gallice…

Attaquant avant tout…

Bien ancré, et depuis longtemps, dans le paysage sportif bordelais, on l’a dit, le terme – devenu générique – « Gallice » n’est pas, aussi paradoxal que cela puisse paraître, réellement originaire du cru. Car René, premier de la lignée à avoir revêtu la tenue marine et blanche, est recruté par les Girondins de Bordeaux Football Club en 1938. Et en provenance de… l’Olympique de Marseille ! Natif de Forcalquier (Basses-Alpes ou Provence-Alpes-Côte d’Azur, aujourd’hui), en 1919, il semblait logique que celui qui aimait alors aussi jouer au poste de gardien de but dans sa jeunesse, soit dirigé vers l’un des clubs phares du coin. Et vers celui qui compte déjà pas mal de titres majeurs aux niveaux régional et national, et qui en cumulera d’autres jusqu’au moment de sa signature à Bordeaux : ceux de champion de France FFF (en 1919) 2, de Division 1 (en 1937), et de vainqueur de la Coupe de France (en 1924, 1926, 1927, 1935 et 1938). Après être passé par les Diables Bleus Valentinois (1929-1932), la réserve des Ciel et Blanc (1932-1937), et effectué quelques apparitions en équipe première en étant Junior, dans le champ, le jeune et talentueux inter droit – milieu offensif mais qui se définit lui-même comme « attaquant avant tout » – est repéré par le staff aquitain, au cours d’une rencontre amicale disputée à Talence, à Suzon ; le Stade Municipal/Parc Lescure et le Stade des Chartrons n’étant pas inaugurés à cette date-là. Et ce mercredi 2 mars – nul ou presque ne le sait encore –, il y aura un avant et un après ceci, dans l’histoire de ce très jeune club (créé en 1936 sous statut amateur), qui arbore le chevron de façon quasi définitive sur son maillot. Car le « minot », durant ce « Grand match de gala » entre l’O.M. « étrangers et professionnels » et « l’équipe professionnelle, représentant la Ligue du Sud-Ouest », tel que le décrit la presse spécialisée, va faire forte impression auprès de l’équipe dirigeante bordelaise. Les Girondins B.F.C. (appellation médiatique en vogue à l’époque) ont été sacrés champions de France Amateurs en 1937 avec un groupe qui, enrichi par l’apport de joueurs clés, très forts et providentiels, venus du Pays Basque espagnol notamment, va bientôt étaler toute sa classe et son efficacité à la face du football français. 

Carême, an bon…

Engagés en deuxième division nationale (D2) en 1937-1938, première phase Groupe Sud, avant de verser en deuxième, en poule de « Relégation » (par ailleurs dénommée « Complémentaire » ou de « consolation »), la formation marine et blanche accueille donc, en ce jour des Cendres, l’Olympique de Marseille, formation qui sera aussi vice-championne de France en fin d’édition (derrière le F.C. Sochaux-Montbéliard). Par conséquent, l’opposant, c’est « le top du top », comme l’on dirait de nos jours ! Côté bordelais, l’effectif est constitué de joueurs expérimentés et dotés de grandes qualités techniques et tactiques, grâce notamment à leur entraîneur Benito Díaz Iraola qui, comme bon nombre de ses compatriotes présents en Gironde, a dû fuir la guerre civile et la dictature naissantes en Espagne. Sont déjà présents dans le groupe, pour les plus connus d’entre-eux, André Gérard (gardien de but), Saïd Ben Arab, Mahmoud Laïd, Roger Catherineau, Jaime Mancisidor Lasa, René Rebibo, Ferenc (Szukics) Szego, les frères Tomás et Luis Regueiro Pagola, Enrique Soladrero Arbide, José Arana Goróstegui ou Santiago Urtizberea Oňativia Alberdi Garmendia ; des garçons au jeu hors du commun et dont certains sont internationaux espagnols. Bordeaux, en dépit de l’indécence que lui sert la situation géopolitique du sud de l’Europe en cette période trouble, « profite » donc de l’aubaine de pouvoir accueillir en son sein de prestigieux éléments, expérimentés et habitués aux joutes du très haut niveau. Et ce n’est pas fini… Justement, René Gallice, seulement âgé de 18 ans, fait partie de cette catégorie-là. 

« Footballeur ? Pas un métier ! »

Si les entraîneurs qui le suivent au quotidien perçoivent en lui un indéniable potentiel, ils ne lui font confiance qu’avec parcimonie ; il est certain qu’au milieu des stars de l’O.M., telles qu’Emmanuel Aznar et Mario Zatelli (ses redoutables et emblématiques attaquants), il ne lui est pas aisé de trouver sa place. Mais l’homme a du tempérament et de la détermination et il est bien décidé à s’installer dans le port de la Lune. Et a y acquérir un « vrai » statut. Et ce rendez-vous de Suzon convainc définitivement Díaz et le B.F.C. de l’enrôler ! Très bon dans cette rencontre de prestige, Gallice va, peu après, faire ses valises et définitivement quitter la Canebière. Sportivement, tout est calé, en dépit d’une troisième place obtenue par les Marine en championnat de Relégation ; le problème demeure dans un autre détail qui reste à régler… Car à l’époque, l’obstacle n’est pas ce club qui deviendra bien plus tard l’ennemi héréditaire… Mais, l’âge de la majorité n’étant pas le même que depuis la fin du vingtième siècle, il faut l’avis et l’aval des parents pour quitter le domicile familial. Et là, ça coince sévère ! « A l’époque, on n’était pas du tout dans les mêmes conditions… Il n’y avait pas cette rivalité, selon moi, OM-Bordeaux, ni quelconque trahison ou je ne sais quoi… Et l’on n’était pas dans le même contexte d’aujourd’hui ; cela n’avait rien à voir, précise Hélène Gallice, sa fille. De plus, la guerre est arrivée très vite aussi, donc ça coupé court à tout… Mais l’anecdote, c’est que quand les Girondins l’ont repéré, mon grand-père était loin de penser que mon père avait ce de grand talent ou même cette passion énorme ! Disons que ce n’était pas considéré comme un métier… Il ne voulait donc pas qu’il parte… Mais René, quand il avait décidé quelque chose, il le faisait jusqu’au bout ! » Le contexte paraît hostile, d’autant plus qu’il faut alors effectuer le service militaire obligatoire à vingt ans… Mais la Seconde Guerre mondiale va poindre, et la mobilisation générale avec… Découvrez l'article en intégralité A demain pour la deuxième partie !