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Légendes - Bixente Lizarazu (partie 3)
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Une finale tronquée

La dynamique est identique et l’enthousiasme de même nature, quand le S.K. Slavia Prague de Vladimir Šmicer reçoit, en demi-finale, ces Français qui enchantent depuis des mois les amateurs de football total. Face à une équipe qui aligne des internationaux (lesquels seront tombeurs des Bleus et finalistes de l’Euro en juillet) de grande qualité, les garçons du « sorcier », Rohr, s’imposent 0-1 (but de Dugarry) en République Tchèque. Puis, sur le même score (but de Tholot) au retour, le 16 avril. Le billet est donc validé pour la finale ; ça aussi, c’est historique ! Qui plus est lorsque l’on a la possibilité et la chance de la disputer dans son propre stade, puisque c’est alors encore en mode aller-retour 3. Le F.C. Bayern Munich est le treizième adversaire de la saison en C3 ; un chiffre qui ne va pas porter bonheur, dans la mesure où, en Bavière, sans Zidane ni Dugarry (suspendus), ils vont s’incliner face à une armada rodée pour ce genre de rendez-vous, et programmée pour aller au bout de l’aventure… Le 1er mai, les Allemands d’Oliver Kahn Jürgen Klinsmann, Lothar Matthäus ou Jean-Pierre Papin « travaillent » mieux (2-0), à l’Olympia Stadion, et devant 65 000 spectateurs au taquet. Des fans qui attendent un nouveau trophée, pour le placer dans une vitrine déjà bien garnie… Thomas Helmer et Mehmet Scholl sont les bourreaux du jour  (34e et 60e) ! Le 15, on se demande si les Bordelais sont capables de rééditer « l’exploit de Milan », dans une enceinte une nouvelle fois chauffée à blanc, et remplie par près de 35 000 personnes mettant une folle ambiance. Mais fatigués par une saison harassante, un quotidien en D1 des plus inquiétants, ils cèdent prématurément devant les coups de boutoir des hommes de Franz Beckenbauer. Tous les joueurs-cadres sont présents, du moins jusqu’à la 30e minute. Parce qu’à cet instant précis, Lizarazu se fait, littéralement et volontairement, découper par Emil Kostadinov ! Un joueur bulgare au talent avéré, qui a privé l’Équipe de France de Mondial 1994 (avec un but inscrit à la 93e minute du match France-Bulgarie du 17 novembre 1993, au Parc des Princes/1-2), mais qui vient d’annihiler toute chance de participation à l’Euro pour Liza ! Triste et regrettable. Pathétique comportement, indigne sortie… Et c’est une plaie, de douze centimètres sur un de large, qui contraint le défenseur rejoindre en urgence le tout proche C.H.U. !  Il est donc remplacé par Cédric Anselin, jeune joueur de 18 ans. À partir de là, la physionomie du match change radicalement, qui plus est quand le public s’aperçoit que le fautif n’est ni averti, ni exclu… C’est terrible à tous les niveaux car Scholl (53e), Kostadinov (65e) – une injustice ! – et Klinsmann (78e) vont définitivement anéantir les espoirs bordelais. Même ci ceux-ci ont été entretenus par Dutuel (76e) ; 1-3, c’est terminé ! De toute façon, en dépit de ces graves coups du sort, il faut reconnaître que le Bayern était plus fort. Plus frais et plus expérimenté…  Comme il l’explique dans Les Cahiers du Football, la tâché était ardue… « On n’avait pas l’effectif ni l’énergie pour faire les deux (D1 et C3, NDLR), jouer tous les trois jours au même niveau, et supporter une telle charge émotionnelle. Inconsciemment, on a lâché le championnat. (…) Le chemin a été très long. (…) Mais on se sentait imbattable en Coupe d’Europe. » « Carbonisés » d’un point de vue physique et mental, les héros d’un peuple vont terminer la saison à une 16e place (42 points) tout compte fait bienvenue, à quatre points devant le F.C. Gueugnon (18e), relégué en D2. Mais avec de jeunes joueurs utilisés pour honorer les ultimes rencontres…   Bixente Lizarazu aura seulement disputé 23 matches de D1 (3 buts), mais 17 de C3 (5 buts), pour un total de 40 T.C.C. Ce qui caractérise, une nouvelle fois, une saison pleine. Cette confrontation finale tronquée face aux Bavarois demeure la dernière sortie officielle avec les Girondins de Bordeaux de leur fils « naturel ». Un indu et involontaire adieu qui lui reste « toujours en travers de la gorge ». Lui qui figure désormais au « Hall of Fame » du club au scapulaire avec, de 1988 à 1996, 299 matches et 28 buts (dont 25 à domicile !) disputés.

Une fierté patrimoniale

Parti à l’étranger, comme beaucoup de ses coéquipiers lors de l’intersaison 1996-1997, Bixente va continuer à franchir des paliers et à enrichir sa panoplie de joueur de très haut niveau. Ça commence avec l’Athletic Club Bilbao (1996-1997), et se poursuit avec le F.C. Bayern Munich (1997-2004 et 2005-2006), ou l’Olympique de Marseille (2004-2005). En plus de la Coupe Intertoto (1995), il inscrira à son palmarès une Ligue des Champions (2001), une Coupe Intercontinentale (2001), plusieurs championnats d’Allemagne (6) et coupes d’Allemagne (5)  et de la Ligue allemande (5), entre autres. Tout en menant, en parallèle, une carrière de joueur international avec l’Équipe de France, avec laquelle il honorera 97 sélections (2 buts) et remportera la Coupe du Monde (1998), la Coupe des Confédérations (2001 et 2003) et le Championnat d’Europe des Nations (2000), en ce qui concerne les compétitions majeures.  Juste retour des choses pour un individu tenace qui, à la force de ses muscles, de son talent et de sa détermination, s’est doté d’un magnifique palmarès. Pour un compétiteur hors pair, sérieux, professionnel, discipliné, énergique, exemplaire, technique, intrépide, costaud athlétiquement et mentalement, qui est passé du poste d’attaquant à celui de contre-attaquant, et de leader potentiel à meneur d’hommes, à Bordeaux. Et dont la formation et l’apprentissage ont été couronnés de succès à l’international. Sa régularité à haut niveau, sa fidélité témoignée lorsque le club était en deuxième division, ainsi que sa faible propension à la blessure, ont forgé le respect de tous. Liza a grandi et progressé avec les Girondins, et inversement. C’est une fierté patrimoniale. Cela, pour le plus grand bonheur des supporters, du club, de ceux qui l’aiment, et du passé à jamais glorieux qu’il leur a laissé…

Son palmarès aux Girondins

 Champion de France de D2 en 1992  Vainqueur de la Coupe Intertoto en 1995  Finaliste de la Coupe UEFA en 1996  Meilleur latéral gauche du championnat de France à trois reprises

 

Notes de bas de pages

1 La Coupe Intertoto est une ancienne compétition de football qui avait lieu en été, et qui opposaient les meilleurs clubs européens non-qualifiés pour la Ligue des Champions (C1), ou pour la Coupe de l’U.E.F.A. (C3/Europa League aujourd’hui). Les vainqueurs de ces tours préliminaires obtenaient alors un billet pour disputer la Coupe de l’U.E.F.A. 2 L’effectif 1995-1996, dans son ensemble, comprend également les joueurs suivants : Lionel Perez, Franck Fontan (gardiens de but), Kodjo Afanou, Éric Guérit, Didier Sénac, Jean-Yves de Blasiis, William Prunier, Pascal Philippe, Yannick Fisher, Raphaël Camacho, Patrick Amrane, Cédric Anselin, Jean François Daniel, Laurent Fournier, Mirza Varešanović, Régis Castant, Jérôme Geffroy, Franck Histilloles, Kaba Diawara et Anthony Bancarel. 3 En 1995-1996, la finale de la Coupe U.E.F.A. (aujourd’hui Europa League) se dispute encore en format aller-retour. La C3 est la seule des trois compétitions (au contraire de la Ligue des Champions et de la Coupe des Vainqueurs de Coupe/C2) à proposer cette formule. C’est à partir de la saison 1996-1997 qu’elle se disputera sous la forme d’un match unique, et sur terrain neutre. Rendez-vous demain pour le quatrième épisode Lire toute la carrière de Bixente Lizarazu aux Girondins Lire toute la carrière de Bixente Lizarazu en équipe de France