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Bixente Lizarazu
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Légendes - Bixente Lizarazu (partie 1)
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  Il fait partie de la fameuse triplette « Zidane-Dugarry-Lizarazu », qui est mondialement connue. Dans le football et au-delà. Pourtant, c’est bien dans l’ordre inverse que chacun des trois garçons s’est révélé aux Girondins de Bordeaux. Car le premier à avoir porté le maillot en pro, avec eux, est bien l’arrière latéral gauche. D’ailleurs, Bixente Lizarazu évoluait plus haut, en réserve et en Division 3 (D3), quand il a été convoqué par le staff professionnel et invité à fouler, pour la première fois, les pelouses de Division 1…

Dans le grand bain

Parce qu’après avoir joué milieu offensif ou ailier en D3, ce garçon à la « bonne frimousse », qui respire la joie de vivre et âgé de dix-huit ans, est lancé dans le grand bain du professionnalisme à Caen, face au Stade Malherbe (3-0/19e journée), en remplacement de Zoran Vujović (54e minute), le 12 novembre 1988. Et par Aimé Jacquet, l’entraîneur, dont il croisera le chemin encore bien souvent… Le natif de Saint-Jean-de-Luz, qui a débuté aux Églantins d’Hendaye et été façonné en Gironde, évolue dans un groupe qui comprend des joueurs de talent, et qui est le reflet de ce qui se fait de mieux en France, ainsi qu’au niveau européen, depuis plusieurs années. Ça ne lui fait pas peur, à lui qui a le goût du défi, et qui possède des aptitudes prononcées et multiples pour le sport. Les sports. Car le jeune homme excelle dans plusieurs autres disciplines, telles que ceux de raquette, de glisse, de combat, en plus de ceux pratiqués dans le Pays Basque ! De fait, Vincent Lizarazu ne se pose pas de question : il est en passe de réaliser son rêve. À savoir, au cours de cette saison 1988-1989, évoluer avec Dominique Dropsy, Philippe Sence, Gilles Barragué (gardiens de but), Dominique Thomas, Jean-Christophe Thouvenel, Éric Péan, Zoran Vujović, Gernot Rohr, Didier Sénac, Alain Roche, Diégo Mujica, Jean-Amadou Tigana, Jesper Olsen, Éric Dewilder, Enzo Scifo, Bernard Genghini, Bernard Gimenez, Éric Cantona, Jean-Marc Ferreri, Yannick Stopyra, Marc Pascal, Jérôme Gnako, Clive Allen, ainsi qu’un certain Christophe Dugarry, notamment ! Que du beau monde ! Et que de chemin parcouru, aussi, depuis son arrivée au club, cinq ans auparavant. Qui plus est lorsqu’il se souvient qu’il avait failli ne pas être conservé, à l’âge de quinze ans, en raison d’un gabarit jugé « trop frêle »… Et même si rien n’est – encore – acquis, sa présence dans le groupe d’élite est régulière, jusqu’à disputer 17 matches toutes compétitions confondues (T.C.C.), dont 16 de championnat. Petit à petit, le Parc Lescure va devenir son jardin, dans lequel ses repères vont se préciser, et son jeu, se recentrer…

Un repositionnement provisoire

Il va aussi connaître-là les joies d’y inscrire un but pour la première fois, la saison suivante (1989-1990), lorsque les Aquitains terrasseront le Brest Armorique F.C., le 30 août 1989 (3-0/8e journée). L’ironie du sort, c’est qu’il le marque en tant que défenseur ! Sur la volonté de Didier Couécou, qui a remplacé Jacquet (limogé) en cours d’exercice, Lizarazu a été repositionné arrière gauche ! Une initiative ponctuelle (mise en place face au R.C. Strasbourg, à la Meinau, le 18 février 1989/3-2), à la base, mais qui va perdurer… Mais entre ses débuts et son but, l’édition 1988-1989, qui était prometteuse sur le papier et dans les ambitions, n’a accouché que d’un millésime contrarié. Ou contrariant, si l’on se met à la place des dirigeants ou des supporters. Car après avoir empilé les individualités de renom et les stars, et – légitimement – vendu du rêve, les promesses initiales ont fait l’effet d’un pétard mouillé. Le virage sud et les Ultramarines, qui en agitent des bien plus efficaces depuis plusieurs mois déjà, apprécient la rage et la combativité de ce « petit jeune au profil de chouchou » issu de la formation, mais regrettent que leurs Girondins n’accrochent que la 13e place de D1, quand l’Olympique de Marseille s’adjuge le titre de champion de France. La désillusion de ne pas avoir pu rivaliser avec l’ennemi héréditaire est grande. Celle du constat comptable, aussi. En Coupe de l’U.E.F.A. (Europa League, aujourd’hui), les Marine et Blanc ont chuté, en huitième de finale, face au S.S.C. Napoli du meilleur joueur du monde, Diego Armando Maradona (0-1/0-0). Le Luzien n’est pas entré en jeu lors de l’acte 1 (et ne figurera pas sur la feuille de match pour le 2), mais il a tout de même pu se faire une idée de ce qu’implique de participer aux joutes continentales. Dans sa phase d’apprentissage, il voit, de fait, son club ne pas atteindre son objectif en la matière, fin mai… Mais le joueur se révèle, l’homme aussi, et son handicap présumé relatif à sa petite taille (1,69 mètres), n’affecte nullement ses performances. Mieux, il saute haut, fait preuve d’un mental inoxydable et est adoubé par les anciens ! Ses prestations de qualité, sa régularité dans l’intensité et dans la performance, lui confèrent un crédit non feint, autant qu’un respect qui ne cesse de croître. Ce « petit gars » a du talent, qu’on se le dise ! 

Feux follets, déboulés et ascension

Véloce dans ses interventions défensives, fulgurant dans les contre-attaques, il est prompt et robuste dans les duels, et sait marquer des buts ! Puissant, musclé, solide sur ses appuis, aussi, il va former avec Jesper Olsen, international danois, une redoutable paire de « feux follets », comme on les nomme à l’époque ! Tant pis pour les défenses adverses, qui souffrent sur quasiment chaque offensive amorcée par le duo ! Tant mieux pour les Girondins qui, en 1989-1990, vont régaler les travées du Stade Municipal et les amateurs de foot dans l’Hexagone. Bien armé et efficace sur le plan défensif (Bordeaux affichera la deuxième meilleure défense du plateau, avec 25 buts encaissés, contre 24 pour l’A.S. Monaco F.C.), le collectif profite à souhait de la merveilleuse entente entre les deux compères, dits « purs joueurs de couloir », à gauche, pour attaquer à tout-va ! Débordements, dédoublements, jeu à deux, à trois, centres, dribbles, accélérations étincelantes : toute la panoplie y passe ! Klaus Allofs, Piet Den Boer ou Jean-Marc Ferreri en profitent, et claquent 14 buts chacun en D1 ! Bordeaux termine aussi deuxième meilleure attaque (51 buts), et deuxième au championnat (51 points) ; les deux fois derrière l’O.M. (75 buts et 53 points) ! Des Phocéens devenus les maîtres du foot en France, et bientôt en Europe… Parce qu’il faut désormais se rendre à l’évidence : en dépit d’un titre honorifique de vice-champions, et d’un panel alléchant de joueurs haut de gamme, les Girondins ne sont plus en haut de la pyramide…  Mais « Liza », dont le patronyme semble compliqué à prononcer en entier lorsque l’on s’y risque avec l’accent basque, incarne désormais l’archétype du latéral moderne. Presque, déjà, une référence. Il assume, il prend du galon : l’ascension vers les sommets est impressionnante. Comme le sont sa conduite de balle et sa propension à se projeter vers l’avant, sur le terrain. Total : 42 rencontres jouées et 2 buts marqués T.C.C., dont 38 en D1 !

L’Europe et l’enfer

Bientôt, la Coupe d’Europe s’offre concrètement à lui. Et plus particulièrement la C3, qui met sur sa route la formation irlandaise du F.C. Glenavon. En trente-deuxième de finale-aller, d’abord (0-0/Le 18 septembre 1990), puis au retour, à Lescure, le 2 octobre. Gérard Gili et sa bande se qualifient (2-0) et vont se hisser jusqu’en huitième de finale, où l’A.S. Roma va les stopper net, en dépit de deux rendus honorables dans le contenu du jeu, pourtant sévèrement sanctionnées (5-0/0-2). Cette mouture 1990-1991 va classer les Bordelais à la 10e place (sur 20) du championnat (remporté par l’O.M.), mais va aussi expédier le club en deuxième division (D2), pour des motifs extra-sportifs. Le financier et le juridique auront raison de l’entité, qui va disparaître administrativement, mais pas de la détermination du Basque (42 matches T.C.C. et 2 buts, dont 35 en D1), ni de celle des garçons qui vont rester fidèles aux couleurs. Pas plus que de celle des jeunes pousses du club, qui ont une réelle chance de se montrer, et qui sont motivées pour quitter l’enfer et retrouver au plus vite l’élite. Ou y gouter enfin de façon permanente, à l’image d’un copain de toujours, Christophe Dugarry, intronisé dans le groupe pro en 1989… L’expérience est cruelle, brutale, mais enrichissante pour l’homme du littoral, qui connaît à présent les remous du grand bain… 

D2, états d’âme et titre

Le club, qui va changer de statut, de nom et, peu après, de couleurs, se donne deux saisons pour retrouver la D1. Lors de la promotion 1991-1992, la présidence du club est bicéphale, avec Jean-Didier Lange et Alain Afflelou aux commandes. Côté pelouse, même si la situation a secoué et meurtri les hommes autant que leur egos, Bixente devient le fer de lance d’un collectif dirigé par Gernot Rohr, avec lequel il jouait encore il y a peu !  La plupart des cadres est partie, mais aux restants, tels que Philippe Sence, Didier Sénac, Jean-Luc Dogon, Jean-Pierre Bade, Pascal Monbrun, Bernard Gimenez, Stéphane Plancque, Philippe Fargeon, Arnór Gudjohnsen et Dugarry, s’ajoutent les recrues que sont Gaëtan Huard (gardien de but), Michel Milojević, Philippe Raschke, Patrice Lestage, Jean-Michel Lavaud, Jean-Marc Ferratge (de retour au club), Thierry Fernier, Patrice Marquet, Philippe Lalanne (de retour au club), Stéphane Lerda, Ronan Salaün et Rainer Ernst.  Pour les connaisseurs, l’affaire est séduisante et le challenge intéressant ; pour les non-initiés, la tâche paraît ardue. Mais, sous l’influence majeure du technicien franco-allemand, qui façonne un groupe taillé pour le combat, l’alchimie fonctionne et Bordeaux se met immédiatement à la hauteur du R.C. Strasbourg, grand favori du Groupe B (puisqu’à l’époque, il y en a deux). La lutte est âpre, y compris lors des confrontations directes. Mais Lizarazu, devenu cadre et homme-support, voire emblème d’un club, d’une région, insuffle lui aussi un état d’esprit « guerrier » aux siens. Stratégie qui va s’avérer payante et se matérialiser par de très bons résultats sportifs.  Bilan des courses, Après avoir affronté bon nombre d’adversaires belliqueux, regroupés en défense ou refusant le jeu, les Girondins terminent premiers (en ne s’inclinant qu’à quatre reprises en D1, et en deuxième partie de saison), et battent l’U.S. Valenciennes-Anzin, première du Groupe A (4-0 et 2-3), à l’occasion d’un double rendez-vous dont l’issue sacre le champion officiel de D2. C’est la consécration de la volonté, du jeu, et du talent, pour Liza et les siens, mais aussi l’obtention de son premier titre national chez les pros ! Un trophée de champion de France qui comptera, et qui sera fondateur dans l’histoire des Marine et Blanc… Pour lui, le « kazko » (« têtu », en basque) et pour le nouveau Football Club des Girondins de Bordeaux, qui va succéder à l’Association Nouvelle des Girondins de Bordeaux ! Et l’international (et capitaine) Espoirs de probablement se remémorer alors certaines pensées hésitantes, exprimées peu avant la trêve de Noël, dans Le Match (du 14 décembre 1991), bulletin officiel du club … « Je ne retrouverai le sourire que lorsque nous serons en première division avec Bordeaux ; surtout avec Bordeaux. Pour l’instant, j’attends la fin de la saison pour savoir si la décision de rester a été la bonne. J’ai parfois des états d’âme, c’est vrai, mais il y a des moments plus difficiles que les autres. Parfois, je me demande ce que je suis venu faire dans cette galère puis, le moment d’après, je vais beaucoup mieux. Je ne veux blâmer personne. J’éprouve juste un sentiment naturel. » En quelques mois, n’en déplaise à son ressenti de décembre, l’épanouissement professionnel aura doublement frappé à sa porte… Car, après avoir obtenu sa licence de sciences technique des activités physiques et sportives (destinée au professorat), c’est donc une belle récompense sportive qui viendra lui mettre un peu de baume au cœur… De plus, celui qui est considéré comme « l’intello », et qui affiche 38 matches T.C.C. au compteur (dont 35 en D2), peut désormais envisager d’honorer plus tranquillement son contrat, qui court jusqu’à fin 1994-1995. Un exemplaire formalisé doté d’une clause qui stipulait « qu’en cas de malheur », il pouvait « quitter le club en fin de saison 1991-1992 », si celui-ci ne remontait pas en D1 ! Grâce à cette année de transition, au final remarquablement gérée, Lizarazu a définitivement démontré qu’il faisait partie des meilleurs arrières latéraux de France. Son travail, son opiniâtreté et la confiance des différents techniciens (dont Raymond Goethals en 1989-1990) qu’il a eus, ont fait monter en lui des désirs bien plus grands : ceux de gagner toujours plus de titres, mais aussi de s’inscrire dans une logique de continuité, qui le mènerait jusqu’à l’Équipe de France « A ». Avec, en ligne de mire, le Championnat d’Europe des Nations 1992, en Suède, et la Coupe du Monde 1994, aux États-Unis… Rendez-vous demain pour le deuxième épisode Lire toute la carrière de Bixente Lizarazu aux Girondins Lire toute la carrière de Bixente Lizarazu en équipe de France