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Légendes - Santiago Urtizberea (partie 3)
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ENTRAÎNEUR-JOUEUR

Mais si les Girondins disputent une nouvelle finale de Coupe de France, en 1942-1943 (en deux actes, même, en raison de problèmes règlementaires survenus lors du premier/2-2), qui est perdue face à l’Olympique de Marseille (4-0), sur la pelouse de Parc des Princes, à Paris (le 22 mai), ils se consolent en se disant qu’ils ont remporté celle de la « Zone occupée », à Bordeaux, face au Stade Français-C.A. Paris (le 18 avril), sur le score de 6-3, avec une réalisation d’Urtizberea (après un 0-0 le 3 avril, au Parc des Princes). Et mieux encore, qu’ils sont venus à bout du R.C. Lens (2-1), dans la finale interzones, à Colombes (le 2 mai) ; cette fois-ci sans l’aide dernière de leur buteur fétiche… Pour un club encore très jeune, c’est déjà beaucoup. Urtiz, lui, a désormais 34 ans à l’été ’43 ; soit un âge auquel l’on commence à envisager d’autres perspectives… Et même s’il joue encore avec ses copains du cru sous l’appellation « Bordeaux Guyenne » ou « Guyenne et Gascogne » – dans laquelle les Girondins sont intégrés –, en Coupe des provinces et dans un championnat fédéral mis sur pied suite à des décisions inhérentes au conflit mondial, il dépanne aussi au poste d’entraîneur ; un strapontin laissé vacant par Díaz, reparti dans son pays natal en août 1942, et occupé par d’intérimaires techniciens jusqu’en mai 1943… date de la (double) finale face à l’O.M. qu’il aura donc honorée, tant en qualité de joueur que de coach ! N’en déplaise à son humilité non feinte, la légende prend de l’épaisseur… En 1943-1944, en raison des nombreux bombardements et du débarquement des Alliés sur le territoire, le championnat n’ira pas à son terme et Bordeaux terminera cinquième, quand Lens-Artois sera plus ou moins sacré champion. En même temps, les Girondins raflent le titre de champion de France « Amateurs », soit le second, après celui de 1937 ; l’aide et les conseils précieux d’Urtiz n’étant pas étrangers au succès… Son sens du but non plus, puisque le dimanche 21 mai, il inscrit le second des siens (après celui de René Persillon) face à l’A.S. Cannes (2-1, après prolongation) à Saint-Ouen, dans cette finale du championnat Interclubs ! Une partie que les Girondins jouent en maillot rouge et short bleu, avec dans leurs rangs Henri Arnaudeau (capitaine) et Jean Swiatek, nouveau venu parmi eux…

UNE BELLE SORTIE

L’année de la Libération, Bordeaux carbure bien, termine premier du Groupe Sud, mais c’est Lyon (L.O.U.) qui est désigné vainqueur, à la différence de buts, pour une seule unité… À partir de cette période-là, ses crampons sont moins souvent sollicités, mais il revient de temps en temps pour des piges, et fait encore claquer des dents et des filets en divisions 1 ou 2, y compris en Coupe de France ! Une tradition et une valse de buts qui s’éternisent jusqu’à l’âge de… 39 ans ! À l’occasion de son dernier match avec les Marine et Blanc, qui est aussi son ultime à domicile, il perd (1-3) face à l’U.S. Valenciennes-Anzin (14e journée de D2/Le 6 novembre 1948), mais marque le seul but des siens ! Une partie controversée, qui aura vu certains des joueurs de l’entraîneur André Gérard refuser de jouer, pour une sombre histoire de grève, liée à des primes jugés trop faibles de leur part ; cette rencontre sera rejouée mais, pour l’anecdote, elle restera comme la dernière pour lui en qualité de joueur (lequel avait probablement été appelé dans le groupe pour compenser certaines absences). En fin d’exercice, Bordeaux accèdera à la D1, mais c’est Lens qui bénéficiera du titre de champion, au goal-average… Cependant, « l’injustice », telle que vécue ici, sera réparée la saison suivante dans le Port de la Lune, puisque Gérard et consorts termineront champion de D1 ! Un exploit qui ne se renouvellera pas avant 1983-1984… Pour Santiago Urtizberea, c’est donc-là une belle sortie, qui sanctionne une carrière magnifique d’efficacité, de générosité, de respect et de longévité, laquelle prendra néanmoins une nouvelle tournure lorsqu’en 1957, il assurera l’intérim au poste d’entraîneur, entre Gérard et Camille Libar, lui aussi ancien joueur (qu’il a côtoyé), qui va honorer ses nouvelles fonctions à Lescure… Ce sera donc pour lui une pige de quelques semaines, en fin de saison en D2, qui le mènera jusqu’à une demi-finale de Coupe de France (défaite 1-0 face à Angers, équipe de D1/Le 5 mai 1957) et la 5e place en championnat. Malheureusement, et d’un point de vue plus personnel, en raison des deux guerres successives qu’il a connues, il n’aura quasiment pas pu gouter aux joies de la sélection nationale, à une exception près, avec l’Espagne, de celle en catégorie « Olympiques ». Et ce, même si la Fédération Française de Football, au même titre que pour certains de ses coéquipiers-compatriotes des Girondins, aurait bien aimé lui faire revêtir la tenue tricolore… Depuis son arrivée à Bordeaux jusqu’à la prise en charge de la section amateurs durant dix-sept ans (de 1946 à 1963, avec un titre de champion de France en 1953), en passant par celle de l’équipe professionnelle, Santiago Urtizberea l’humain, le bonhomme au caractère jovial, le chanteur-musicien, le camarade charmant, le buteur, le capitaine, l’éducateur, l’intendant préposé au matériel, a tout donné à ce club qu’il chérissait tant. Une entité qui le lui a rendu et qui perpétue sa mémoire. Tout comme certains médias l’ont fait, également, auprès desquels l’idole suscitait le respect. « Jeunes, imitez-le… si ce n’est point trop difficile pour vous. Inspirez-vous de son exemple, tentez d’acquérir sa loyauté, sa droiture, sa fidélité aux premières couleurs. Jouez comme il sait toujours le faire. Parfois vous le moquez parce qu’il vous paraît lent, alourdi. Je vous donne rendez-vous… au soir de vos trente-sept ans ! Ça sera pittoresque. » Rédigé par « Pinxit », en 1946.  Espagnol de naissance, Santiago Urtizberea, homme et joueur de football d’exception est, au fil du temps et de ses exploits (non récompensés comme ils auraient dû l’être en termes de palmarès, en raison des événements liés à la guerre), devenu « l’un des nôtres », comme écrit par ailleurs par la même plume. Et ce, pour toujours…

PALMARES

Avec les Girondins de Bordeaux Champion de France Amateurs en 1937 et 1944 Vainqueur de la Coupe de France en 1941 Champion de France Amateurs en 1963 (Entraîneur) Lisez l'intégralité de Légendes - Santiago Urtizberea