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Légendes - Santiago Urtizberea (partie 1)
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URTIZBEREA, LA FORCE BASQUE !

Santiago Urtizberea est un poids lourd de l’histoire des Girondins de Bordeaux. Un joueur offensif doué, doté d’une incroyable efficacité devant le but adverse. Mais il est également un entraîneur qui a dû venir au secours d’un club à maintes reprises en difficulté sportive. Enfin, il est un homme qui a beaucoup donné pour l’institution, à laquelle il restera fidèle jusqu’à ses derniers jours. Urtizberea est un nom illustre, aussi, qui rimera à jamais avec succès et respect, sur les bords de Garonne et bien au-delà… Son idylle, ici, commence en ces sombres jours de l’année 1936, quand la guerre civile fait rage dans son pays de naissance, l’Espagne. Contraint de fuir, comme bon nombre de compatriotes sportifs et civils, les bombardements incessants qui pleuvent sur le Pays-Basque, ce gaillard (1,76 mètres et 90 kilos) choisit la destination bordelaise comme point de chute. « El Tanque » (le « Tank ») – ironie du sort – tel qu’il est surnommé chez lui, est loin d’être un inconnu dans le microcosme du ballon rond. Natif d’Irún, il est même déjà une star qui fait parler d’elle en raison de performances de très haut rang. Titré au niveau national avec la formation de sa ville, la Real Unión Club, il conquiert la prestigieuse « Copa del Rey » (1) en 1927 (soit la quatrième de l’histoire du club), âgé de 18 ans, seulement. De plus, il est, avec sa formation, troisième meilleur buteur du championnat de première division, en 1929-1930, ce qui constitue alors un vrai coup de maître ! Des prouesses techniques qui en appelleront bien d’autres encore… Mais lorsqu’il pose un pied en Gironde, transféré de la Real Sociedad de Fútbol, club voisin situé à Saint-Sébastien – et pour recontextualiser –, les Girondins de Bordeaux Football Club, en tant qu’entité footballistique, n’ont que quelques mois d’existence et sont engagés en compétition dans la catégorie « Amateurs ». Fondamentalement, la venue de ce « goleador », accompagné par d’autres Espagnols, et bien épaulé par de très talentueux joueurs locaux, est à l’origine de la renommée et du succès grandissant du club. Car cette saison 1936-1937 va couronner, en fin d’exercice, ces valeureux garçons, avec un titre de champion de France « Amateurs » à la clé ! C’est beau et l’avant-centre (l’on dit alors « centre-avant ») y va, bien entendu, de son efficacité redoutable durant tout le parcours, qui débute, pour lui, au mois de décembre.  En finale, se dresse la formation savoyarde du F.C. Scionzier (bourgade constituée de 1 200 habitants, environ, à l’époque) ; c’est au Stade Olympique Yves-du-Manoir de Colombes, et en lever de rideau d’un France-Irlande amical (0-2), qui draine 17 000 spectateurs… 

ENCENSE PAR LA PRESSE NATIONALE

Ce 23 mai restera donc légendaire pour les champions du Sud-Ouest (et pour ceux du Lyonnais aussi) autant que pour Santiago Urtizberea Oňativia Alberdi Garmendia, qui va se faire un nom en France, et un – autre – surnom à Bordeaux : « Urtiz » ! Celui-ci est désormais familier pour l’entourage, tandis que le celui de « Taureau de Guipúzcoa » fait, grâce à la régularité de ses exploits, les gros titres de la presse nationale… Car cette rencontre dominicale se solde par une victoire 2-1, notamment au moyen d’une meilleure maîtrise, et en étant « redevables de leur succès à une technique plus sûre » (2), selon les médias et leurs belles formules d’antan. Des journalistes qui ne manquent pas d’adresser, à juste titre, des louanges au Girondin. « Urtizberea (…) n’eut pas pour seul mérite de marquer le premier but bordelais et de faciliter la réussite du second : il fut encore beaucoup plus précieux par sa clairvoyance et par sa grande expérience. Il suffit d’un footballeur éprouvé comme celui-là pour donner de la tenue à une ligne d’avants, et doubler son rendement. L’ennui, c’est qu’Urtizberea se trouvait contraint d’ordonner les attaques et de les mener à conclusion, double rôle qui lui pesa beaucoup aux épaules. À coup sûr, Urtizberea ne pourra suffire à la besogne l’an prochain si son équipe est admise parmi les équipes professionnelles, ainsi qu’elle le demande. » (2) Aux côtés des (André) Gérard (gardien de but), Popovici, Mancisidor, Dutour, Bazinette, Nalet, Massé, Catherineau, Larnaudie ou Miramon (capitaine), entre autres, « Santi » prend donc une part prépondérante dans ce succès. En expédiant d’abord une volée « magnifique », dos tourné au but, qui offre l’avantage à la marque aux siens (26e minute), puis en influant aussi sur le deuxième but, suite à une frappe puissante repoussée par Reck (gardien de but), que Roger Catherineau envoie – lui-aussi d’une volée – au fond des filets (66e). L’égalisation, entre-temps de Cavalli (28e), permettant simplement au « Petit Poucet » d’espérer quelques minutes, en dépit d’une opposition homogène et très difficile à gérer pour les Aquitains… Les Girondins s’adjugent le Challenge Jules-Rimet, et sont ainsi les dignes successeurs du club doubiste de l’A.S. Valentigney, premier tenant du titre en 1935-1936 (et finaliste de la Coupe de France en 1926) ; un opposant par ailleurs vaincu en poules par Scionzier, lors de cette édition… Mais cet acte, cette campagne victorieuse et cette période sont fondateurs de l’histoire du club, et de la légende d’Urtizberea. 

LA MACHINE EST EN ROUTE…

Comme le Stade Municipal (Lescure) et le Stade des Chartrons ne sont pas encore définitivement construits, les Marine et Blanc évoluent alors sur plusieurs terrains de la périphérie bordelaise, notamment sur ceux de Suzon à Talence, et Galin (Adrien Marquet), dans le quartier de La Bastide. Une scénographie tournante qui va prendre un virage décisif en 1938, avec les inaugurations sportives des enceintes – enfin – bâties à Lescure (le 12 juin, à l’occasion de la Coupe du Monde de Football) et aux Chartrons (le 18 septembre, lors d’un Bordeaux-Olympique de Dunkerque/Victoire 8-1). Avec l’attendu baptême du feu pour les Girondins, en Deuxième division (D2-Groupe Sud), qui se déroulera en deux phases, également. Mais en jouant désormais en professionnels, le premier objectif est donc atteint. Les autres vont suivre… Pour la postérité, si l’on retiendra que la première sortie des hommes de l’entraîneur Benito Díaz Iraola (qui a franchi la frontière quasiment en même temps que lui, puis pris ses fonctions le 1er janvier 1937) et du capitaine Catherineau, se soldera par une défaite (3-2) à Toulouse, face au Toulouse Football Club (le 22 août 1937), il sera de notoriété publique que le « Tank », titulaire, fera trembler les filets des Blanc et Rouge à deux reprises ! (3) Un doublé pour commencer à haut niveau, à titre individuel, c’est encourageant ! Puis il en inscrit un autre lors du match suivant (2e journée, le 29 août 1937), face au Nîmes Olympique (victoire 7-0), à l’occasion du premier à domicile (à Suzon) ! La machine est de nouveau en route, sachant qu’une vingtaine suivra, toutes compétitions confondues… Durant deux saisons, les Bordelais vont se forger aux joutes de la D2, avant d’être perturbés, comme tout le pays –  et ses compétitions – par la déclaration de la Seconde Guerre mondiale et l’envahissement du territoire. Mais pour notre avant-centre, c’est une ascension fulgurante et méritée qui sanctionne le parcours, en même temps qu’apparaissent progressivement sur la tunique un scapulaire, puis une ancre marine, lesquels vont devenir des emblèmes du club… Découvrez l'intégralité de Légendes - Santiago Urtizberea

PALMARES

Avec les Girondins de Bordeaux Champion de France Amateurs en 1937 et 1944 Vainqueur de la Coupe de France en 1941 Champion de France Amateurs en 1963 (Entraîneur)

NOTES DE BAS DE TEXTE

(1) La « Copa del Rey » ou « Coupe du Roi » est l’équivalent de la Coupe de France (Charles-Simon) dans l’Hexagone. C’est une compétition majeure, très prisée et historique, autant pour les sportifs que le grand public, et qui se décline dans d’autres disciplines sportives, de l’autre côté des Pyrénées. Elle se nomme « Copa de S.M. El Rey » de 1902 à 1932. (2) Les sources d’information de l’époque n’étant pas toujours clairement identifiables en raison, notamment, de l’endommagement des précieux documents-papiers usés par le temps, il ne nous est malheureusement pas possible, pour l’instant, d’affirmer avec exactitude la provenance des citations utilisées dans ce texte. (3) Certaines sources d’information de l’époque donnent aussi comme buteurs, pour les Girondins, Santiago Urtizberea et Roger Catherineau.