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Jacquet - « C'est une grande fierté »
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Aimé, le fait d’être ici, ça représente quoi, pour vous ? Aimé Jacquet :  Il y a deux sentiments… D’abord, beaucoup d’émotion, parce qu’amener l’équipe des Girondins, ici, à Belin-Béliet, à cette époque-là, c’était audacieux. La famille qui nous a reçus dans son bel l’hôtel, le maire… c’est grâce à tous ces gens qu’on a fait des trucs extraordinaires ! On a eu des concentrations, au plus profond de ce qu’on appelle ‘la France qu’on ne connait pas’… J’ai découvert des gens merveilleux, disponibles, qui ont voulu nous mettre dans les meilleures conditions… et ça nous a bien réussi ! Ensuite, de part ma trajectoire et ma philosophie, je suis très porté sur le football de base. J’ai occupé des hautes fonctions à la Fédération (Directeur Technique National, notamment, NDLR), et je dis que ce foot, il a une chance inouïe ! C’est ce football de base, avec tous ces bénévoles, ces éducateurs, pour tous ces clubs, qui fait que tous les petits bambins, ils peuvent faire du foot leur passion, et évoluer dans un climat de tranquillité et de sérénité, avec la joie de taper dans un ballon ; voilà pourquoi je suis très heureux d’être là. Je l’avais promis.  Quand vous avez gagné la Coupe du Monde en 1998, la première chose que vous avez faite, c’est de dédier le trophée aux éducateurs de France… Aimé Jacquet : Ah oui ! C’est à eux qu’on doit tout ! Je dis toujours quelque chose qui surprend : le club existe par le président ; il n’y a pas de club sans président. Mais sur le terrain : c’est l’éducateur, le maître… D’ailleurs, même au plus haut niveau, l’entraîneur, c’est l’homme le plus important du terrain. Ceux qui n’ont pas compris ça, encore, c’est grave ! C’est à l’image de ce que je viens de voir ici, soit des gens dynamiques, présents, qui laissent leur argent, leur temps… Ils encadrent ces associations qui sont merveilleuses… et heureusement qu’on à ça ! Pour réunir les gens, pour retrouver la convivialité… parce que le foot, c’est la convivialité ! Et je me bagarre toute l’année pour ça. J’adore le football de base, j’adore voir les petits jouer. Les plateaux, j’en ai fait des centaines ! Je suis très heureux d’être là. La banderole, accrochée sur les filets du stade, vous l’avez vue (« Les vrais connaisseurs sont ceux qui, avant la Coupe du Monde, ont Aimé Jacquet ») ? Aimé Jacquet : C’est-à-dire qu’il y a plein d’images : d’abord, la chance d’avoir été ici, à Bordeaux, dans les années 1980, dans un club historique, qui avait un projet. Et on l’a mené jusqu’au bout, le projet ! On a refait le Haillan, le stade… on a tout fait ! Et je suis très fier de ça ! Ensuite, la Coupe du Monde, c’est un petit clin d’œil, par rapport à ce défaitisme qui est français… et qui, malheureusement, n’a pas lieu d’être, parce qu’on a des gens tellement brillants. Et je pense, modestement, avoir bien réussi mon coup, envers et contre tout… Et je suis, là-aussi, très heureux d’avoir réussi ce projet. Les Girondins, justement, vous les suivez toujours ? Aimé Jacquet : Oui et je connais… je suis bien placé pour savoir qu’on a tous des années un peu difficiles, et des moments délicats à gérer, mais la chance qu’on a, c’est que c’est comme le ballon : c’est rond, donc ça tourne ! Puis ça revient, ça repart… Je l’ai dit en amont : c’est un grand club, Bordeaux ! C’est un club historique. Avant moi, il y a eu de grandes équipes, avec Monsieur (Salvador) Artigas et compagnie, de grands joueurs… qui ont donné. J’ai beaucoup de respect pour le club et, le fait d’avoir fait un petit cheminement avec les Girondins de Bordeaux, je dois avouer que c’est une grande fierté. Parce que je n’aurais jamais pensé que le petit Stéphanois que j’étais, puisse arriver à faire un grand truc avec ce Bordeaux… Mais il y avait un grand président, il y avait du monde, des politiques, Jacques Chaban-Delmas, et tous étaient là pour nous donner le coup de main pour réussir quelque chose. C’est pour ça qu’aujourd’hui c’est spécial. C’est donc un petit clin d’œil vis-à-vis du football de base, ainsi qu’un autre, par rapport au grand respect que j’ai pour ce grand club.  Lescure, que représente ce stade pour vous ? Aimé Jacquet : Quand je suis arrivé, il y avait la piste de vélo, une autre d’athlétisme et le rugby ! Donc, j’avais beaucoup de difficulté, avec mon équipe, pour bénéficier d’une pelouse en bon état. Et la première décision qu’on a prise, c’était de refaire tout le stade ! Ça a été une réussite totale et j’en suis très fier.  On n’enlève pas l’identité d’un stade à un club… il faut qu’il reste dans ses mémoires. Mais c’est vrai que tout évolue, et qu’on fait maintenant des stades bien organisés. Et ce nouveau stade (le Matmut Atlantique, NDA), il est merveilleux, magnifique ! C’est pour ça que pour tous les anciens, tous ceux qui ont œuvré, Lescure sera toujours un grand moment de bonheur et de partage, avec le public. Quel est votre plus beau souvenir dans ce stade ? Aimé Jacquet :  J’en ai tellement eu, des bons souvenirs… Mais il y en a un qui me restera : celui qui est le moins bon et fantastique, c’est la Juve (face à la Juventus Turin, en demi-finale retour de la Coupe des Clubs Champions/C1, victoire 2-0, avec une élimination au bout, NDA) ! Celui-là, il restera à jamais gravé dans nos têtes ! Je me souviens de la préparation… On part de Belin-Beliet où l’on était en préparation, et l’on voyait tous ces gens le long de la route, en bleu et blanc, pendant des kilomètres et des kilomètres… et d’autres dehors, devant leurs maisons… Durant la Coupe du Monde 1998, j’y ai repensé, parce que ça me rappelait la même chose…  C’était un match exceptionnel, qu’on a fait… ça s’est joué sur très peu de choses. Mais je dirais qu’on avait un très grand en face de nous, qui nous a battus à lui tout seul : c’est Michel Platini ! Je suis sûr que s’il n’avait pas été là, je pense qu’aujourd’hui, on dirait autre chose… C’est la vie ! Le terrain a donné son verdict et il faut l’accepter. Mais dans l’émotion, dans le partage, la résonnance, et d’un point de vue pas seulement français mais européen, c’est quelque chose d’inoubliable.  Propos recueillis par Laurent BRUN, à Belin-Béliet.